2022年8月8日月曜日

Pêcheurs De Perles Et Musiciens Du Golfe Persique by Unknown Artist Ocora (OCR 42) Publication date 1968

 


PECHEURS DE PERLES

et musiciens



DU GOLFE PERSIQUE



Enregistrements sonores

et photographies réalisés |

par Poul Rovsing Olsen



rN



1 - Chants des pécheurs de perles

Muharraq (Bahrein)



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- Taqsim

- Musique de mariage Baloutchi



- Lyre et chant



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- Musique pour cornemuse et tambours



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OFFICE DE RADIODIFFUSION-TELEVISION FRANGAISE



Photo couverture : bateau de pécheurs.



PECHEURS DE PERLES



et musiciens



DU GOLFE PERSIQUE




Plage 2- MUSIQUE DE MARIAGE BALOUTCHI, enregistrée a

Shardja (Trucial Coast) le 27 décembre 1962.



Le présent enregistrement a été réalisé dans la cour d’une

maison en feuilles de palmier barasti dans la banlieue de Shardja, a la

veille d’un mariage. Les musiciens répétaient; le lendemain ils condui-

sirent le cortege a travers rues et ruelles de Shardja. Les femmes non

voilées (contrairement aux coutumes arabes de la région) dansaient aux

rythmes de l’orchestre composé de (cf. photo 3) :


— un surnai (hautbois cénique a six trous dont |’étendue

approche les deux octaves). On rencontre fréquemment cet instrument

dans les régions islamisées bien que dans les pays riverains du Golfe

Persique il ne soit que rarement, sinon jamais, joué par des Arabes.


— deux tabl (tambour a deux peaux lacées; une peau battue

avec une baguette, ]’autre avec la main).



Plage 3 - LYRE ET CHANT par Kafur Moubarek, enregistré a

Manama (Bahrein) le 23 janvier 1963.



De nos jours, la lyre n’est guére utilisée que par les Africains

de l'Est ; on trouve des lyres en Arabie Séoudite et dans plusieurs émirats

du Golfe Persique mais les musiciens qui s’en servent sont toujours des

Africains d’origine Soudanaise. L’instrument semble étre originaire du

Soudan ou il est connu sous le nom de tanbour.


Dans les émirats du Golfe Persique la lyre s’appelle tanboura ;

elle comporte six cordes (qui peuvent étre accordées de différentes ma-

niéres). Le musicien .place l’instrument perpendiculairement a lui et

ébranle les cordes avec ses ongles (trois cordes jouées par la main gauche,

les trois autres par la main droite). Un grand plectre en corne est attaché

a l’instrument, mais il ne semble pas qu’on [utilise jamais pour faire

sonner les cordes.


Ici, la lyre mesure plus d’un métre vingt du joug a la partie

extréme de la caisse de résonance. La caisse de résonance en bois, hémis-

phérique, est recouverte d’une peau de chévre lacée. Les cordes en boyau

sont tendues entre le joug et la caisse de résonance; leur tension est

réglable en tournant plus ou moins les anneaux de coton qui s’enroulent

avec la corde autour du joug (cf. photo 4).


Le tanboura accompagne toujours un cycle de mélodies. Dans

le court exemple présenté ici il n’y a que deux meélodies: la premiére

conclut selon la tradition par une sorte de coda (aprés avoir joué

quelques strophes, le musicien termine en ne donnant que la seconde

moitié). L’instrumentiste Kafur Moubarek, Luthier Soudanais de Bahrein,

joue sur l’instrument qu’il a construit luiméme et dont il donne ici une

démonstration. I] chante en murmurant un poéme d’amour.



Plage 4 - MUSIQUE POUR CORNEMUSE ET TAMBOURS, enre-

gistrée a Manama (Bahrein) le 14 décembre 1962.



’ On appelle parfois la cornemuse de Koweit et de Bahrein

« cornemuse persane ». S’il est vrai que cet instrument appartient plus

particuliérement aux minorités iraniennes, le nom qu'il porte couram-

ment a Bahrein est cependant djirbe.


Le djirbe comprend un réservoir d’air en peau de chévre commu-

niquant avec une double clarinette 4 six trous doubles. Il ne comporte

pas de tuyau de bourdon.


Quatre grands tambours 4 deux peaux lacées tabl et un petit,

accompagnent ici le djirbe (cf. photos 5-6).


Lors des grandes festivités le joueur de djirbe danse et fait parfois

des clowneries, mettant par exemple l’instrument sur sa téte tout en

jouant. Comme il est d’usage dans une grande partie de la musique

instrumentale de la région, le djirbe commence par un solo sans accom-

pagnement. Quand il se fixe sur la mélodie, les tambours entrent en

jeu sur un rythme binaire assez simple. Tandis que le tempo s’accélére

lentement, le joueur de djirbe (Rajab bin Khamis) fait des variations de

plus en plus poussées sur la mélodie de base. De temps en temps, les

tambourinaires s’exclament..



Poul ROVSING OLSEN

(Juillet 1968)


“Vrack 2 - BALUCHI WEDDING MUSIC, recorded in Sharjah (Trucial



Coast) on 27 December 1962.



This recording was made in the courtyard of a house constructed

from palm leaves barasti in the outskirts of Sharjah, on the eve of a

wedding. The musicians were rehearsing; the following day they led

the procession through the streets and alleys of Sharjah. The women, who

were not veiled (contrary to the Arab customs of the region), danced to

the rhythms of the orchestra (cf. photo 3) composed of :


— a surnai (conical oboe with 6 holes and a range of almost 2

octaves). This instrument is found frequently in Islamised regions, al-

though in the countries bordering the Persian Gulf it is rarely, if ever,

played by Arabs.


— 2 tabl (drums with two laced skins ; one skin is beaten with

a stick, the other with the hand).



Track 3 - LYRE AND SONG by Kafur Moubarek, recorded in Manama

(Bahrain) on 23 January 1963.



Nowadays the lyre is rarely used, except by the East Africans ;

lyres may be found in Saudi Arabia and several sheikhdoms of the Persian

Gulf but the musicians who play them are always Africans of Sudanese

origin. The instrument would appear to originate from the Sudan, where

it is known by the name of tanbour.


In the Persian Gulf sheikhdoms the lyre is called tanboura ; it

comprises 6 strings (which may be tuned in different ways). The must-

cian places the instrument perpendicularly to himself and plucks the

strings with his finger-nails (3 strings are played with the left hand, the

other 3 with the right). A large horn plectrum is attached to the instru-

ment but it seems that it is never used to pluck the strings.


Here, the lyre measures over 1 metre 20 from the yoke to the far-

thest end of the sound-box. The wooden, hemispheric sound-box 1s covered

with a laced goatskin. The strings, which are made of gut, are stretched

between the yoke and the sound-box ; their tension is regulated by

turning the cotton rings which are coiled with the strings around the yoke

(cf. photo 4).


The tanboura always accompanies a cycle of tunes. In the short

example presented here there are only two tunes; the first concludes,

traditionally, with a sort of coda (after having played a few strophes, the

musician ends by ‘performing only the second half). The player, Kafur

Moubarek, a Sudanese stringed-instrument maker from Bahrain, is giving

a demonstration of the instrument which he has made himself. He sings

a love poem in a murmur.



Track 4 - MUSIC FOR BAGPIPE AND DRUMS, recorded in Manama

(Bahrain) on 14 December 1962.



The bagpipe of Kuwait and Bahrain is sometimes called a « per-

sian bagpipe ». Although it is true the instrument belongs more particu-

larly to the Iranian minorities, the name by which it is commonly known

in Bahrain is jirbe.


The jirbe is composed of a goatskin reservoir of air, communi-

cating with a double clarinet which has 6 double holes. It has no drone.

Four tabl, large drums with two laced skins, and a small drum are used

here to accompany the jirbe (cf. photo 5-6).


On the occasion of important festivals the jirbe player dances

and sometimes plays the clown, placing the instrument on his head while

playing, for example. As is customary in a major part of the instrumental

music of the region, the jirbe begins with an unaccompanied solo. When

it settles into the melody the drums begin to play a fairly simple binary

rhythm. As the tempo slowly accelerates the jirbe player (Rajab bin Kha-

mis) performs increasingly elaborate variations on the basic melody. The

drummers shout from time to time.



Translated from French by J. Bennett




Avec le présent disque-album, c'est la premiére fois que des

enregistrements sonores se rapportant 4 la musique des émirats Arabes

du Golfe Persique, sont publiés en Occident. Ces documents ont été

recueillis lors d’une mission musicologique effectuée en hiver 1962/1963

a Bahrein et a Shardja.


‘He de Bahrein est un émirat sous protectorat britannique,

d’environ 150.000 habitants. C’est probablement 1a que se situe le fabu-

leux Dilmun, paradis terrestre des Sumériens; dans cette région déser-

tique de pierres et de sable, la flore quasi-tropicale qu’on rencontre

dans la partie septentrionale de lile suggére assez bien, en effet, l’in-

tervention divine. L’artisanat est toujours resté bien vivant: par exem-

ple a Ali, village de potiers, et 4 Beni-Jamra, village de tisseurs. La

péche aux huitres perliéres se pratique autour de Bahrein qui était

autrefois le centre incontesté du commerce des perles. En 1933 on a

trouvé du pétrole dans le sous-sol terrestre et marin de Bahrein ; depuis,

la vie s’occidentalise lentement, calmement, prudemment. La popula-

tion est composée de Baharnas (originaires de Vile), de Bahrainis (d’ori-

gine Arabe) et de plusieurs groupes d’étrangers (Iraniens, Indiens,

Africains, Omaniens) .


Shardja est un des émirats du Trucial Oman, autrefois nommé

Cote des Pirates: ces émirats qui s’étalent sur une grande partie de la

cote occidentale de la péninsule d’Oman, sont eux aussi, des protec-

torats britanniques. Shardja comprend une ville assez importante et une

partie désertique. On y trouve plusieurs groupes de Bédouins et, parmi

les sédentaires, des Baloutchis. Les qualités des émigrants du Balout-

chistan ont été particuligrement appréciées dans le golfe, pendant des

siécles: récemment encore de nombreux émirs avaient des gardes du

corps Baloutchis, réputés pour leur loyauté et leur courage.


La musique de la région du Golfe Persique est d’une variété

impressionnante. Les différences sont marquées entre les styles citadins

et ceux du désert ou des villages, entre ceux des marins et ceux des

artisans et des cultivateurs; d’autre part, chaque groupe d’étrangers a

conservé les traditions musicales de son pays d’origine. Dans quelques

villes, et tout d’abord &4 Manama (capitale de Bahrein), le luth oud

est trés populaire: il accompagne, le plus souvent avec des tambours,

danses et thants d’Iraq, du Yémen, de Bahrein, etc. Lors des grandes

fétes publiques, comme pour beaucoup de mariages, on exécute des dan-

ses de guerre appelées ardha a Bahrein et ayale a Shardja : deux choeurs

alternés chantent accompagnés par un groupe de tambours. Les pécheurs

de perles ont des chants pour plusieurs solistes et cheeur. Chez les

Bédouins, on rencontre un style vocal trés particulier, notamment dans

les chants exécutés par plusieurs hommes, l'un aprés l’autre (avec tui-

lage), lors des voyages dans le désert. Les instruments du désert sont

la viele monocorde rababah, la double clarinette zummara ou djifti, divers

tambours et une paire de cymbalettes tasi.


On trouve chez les Africains, le hautbois cénique surnai, une

lyre et des tambours. Le surnai est le meneur de jeu des cérémonies

de danses appelées leiwah. Chez les Baloutchis, le swrnai dont le registre

est plus étendu dans l’aigu est utilisé principalement a l'occasion de

marlages.


Les Indiens et les Pakistanais ont leurs propres instruments de

musique; les Pathans se servent de préférence d’une sorte de viele a

cordes sympathiques, les Iraniens d’une cornemuse.


Ce disque-album ne donne que quelques exemples de la variété

musicale qui vient d’étre évoquée. Il permet cependant de se faire une

idée, dans une premiére publication, de genres trés représentatifs de la

musique du Golfe Persique.



This particular record album presents the first sound recordings

of the music of the Arab Sheikhdoms of the Persian Gulf to be published

in the West. These documents were collected during a musicological

mission to Bahrain and Sharjah, undertaken in the winter of 1962/1963.



The island of Bahrain is a British protected Sheikhdom of some

150,000 inhabitants. It is probably the site of the fabulous Dilmun, the

earthly paradise of the Sumerians ; indeed, in this desert region of stones

and sand, the semi- tropical flora of the northern part of the island brings

vividly to mind the notion of divine intervention. Craftsmanship has

remained very much alive: for example, in Ali, a village of potters

and in Beni-Jamra, a village of weavers. Pearl oyster fishing is practised

around Bahrain which was formerly the undisputed centre of the pearl

trade. In 1933 petrol was found in the subsoil, of Bahrain, both on land

and below the sea; since that time the way of life there is becoming

slowly, quietly and prudently more and more westernized. The population

is composed of Baharnas (the original inhabitants of the island), Bahrainis

(of Arab-origin) and several groups of foreigners (Iranians, Indians,

Africans, Omanians) .


Sharjah is one of the Sheikhdoms of Trucial Oman, formerly

known as the Pirate Coast; these Sheikhdoms, extending along ‘a large

part of the western coast of the Oman Peninsula, are also British Protec-

torates. Sharjah consists of one fairly large town and a desert area. Several

Bedouin groups are to be found there and the sedentary peoples include

Baluchis. For centuries the qualities of the immigrants from Baluchistan

have been particularly appreciated in the Gulf: until quite recently many

Sheikhs had Baluchi body-guards, renowned for their loyalty and courage.



The music of the Persian Gulf region is impressive in its variety.

There are marked differences between the styles of the towns and those

of the desert and the villages ; between those of the sailors and those of

the craftsmen and farmers ; then again, each group of foreigners has pre-

served the musical traditions of its country of origin. In some towns,

notably in Manama (the capital of Bahrain), the oud lute is very popular ;

it is used, usually with drums, to accompany dances and songs from Iraq,

Yemen, Bahrain, etc. During the big public festivities, and at many mar-

riages, war dances known in Bahrain as ardha and in Sharjah as ayale

are performed : two choirs sing in turn, accompanied by a group of drums.

The pearl divers have songs for several soloists and choir. A most unusual

vocal style exists among the Bedouin, particularly in the songs performed

by several men, one after the other (with overlapping) during journeys

in the desert. The instruments used in the desert are the one-stringed

fiddle, rababah, the double clarinet, zammara or jifti, various drums and

a pair of small cymbals, tasi.



Among the Africans one finds the conical oboe, surnai, a lyre and

drums. The surnai is the leading instrument in the dance ceremonies

called leiwah. The surnai used by the Baluchis, which has a wider range

in the upper register, is played mainly at weddings. The Indians and

Pakistanis have their own musical instruments ; the Pathans favour a sort

of fiddle with sympathetic strings and the Iranians use bagpipes.



This record album gives only a few examples of the musical va-

riety to which reference has just been made. However, as the first publi-

cation of its kind, it does give an idea of some of the styles which are

typical of the music of the Persian Gulf.


3. — Lyre tanboura

(B-3).



PACE IA



Plage 1 - CHANTS DES PECHEURS DE PERLES, enregistrés a

Muharragq (Bahrein) le 10 décembre 1962.



La péche aux perles se pratiquait déja il y a 4.000 ans dans le

Golfe Persique. On peut ainsi penser que «les yeux de poisson venant

de Dilmun » auxquels fait allusion une inscription Assyrienne, sont trés

probablement les perles de Bahrein. Du 19¢ siecle au début du 20° siécle,

il n’était pas rare que plus de mille bateaux participassent chaque année

a la péche. Le déclin commenga en 1930, alors que la concurrence des

perles de culture japonaises se faisait sentir; en 1930, on enregistrait

encore plus de 500 bateaux et une vingtaine de milliers d’hommes en

partance pour la.péche, alors qu’en 1948 il n’y avait plus que 83 bateaux

et 2000 hommes. De nos jours, quelques dizaines de bateaux seulement

continuent la tradition.


La grande saison de la péche, gaus-al-kabir, a lieu de juin a

début octobre, avant et apres c’est le gaus-al-bard, saison froide au cours

de laquelle la péche se pratique tant que le climat le permet. A bord

de chaque bateau prennent place; le capitaine, les plongeurs, les saibs

(qui aident les plongeurs dans leur travail), et plusieurs nahams (1 a 4)

dont le rédle exclusif est d’encourager et de divertir plongeurs et saibs en

chantant. Ces hommes viennent de toutes les parties du Golfe Persique

mais surtout de Bahrein et en particulier du grand village de Hidd.

Le dialecte qu’utilise ces hommes s’est créé au cours des siécles a partir

d’éléments d’origines différentes ; il n’est que partiellement compris par

le reste de la population.


De nombreux chants sont liés aux différentes phases de la péche

aux perles: les nahams chantent au lever de l’ancre, quand on rame

pour sortir du port, quand on hisse les voiles, quand les hommes plon-

gent a la recherche des huitres perlieres et lorsqu’on ouvre les huitres.

Un tambour et des cymbalettes peuvent accompagner occasionnellement

certains de ces chants qui sont souvent appelés nahamis. Les nahams

chantent en solistes, l’un aprés l’autre, tandis que les saibs (et souvent

les plongeurs) émettent un bourdon dans |’extréme grave, plus de deux

octaves au-dessous du registre du soliste.


Ce bourdon vocal est un phénomeéne assez surprenant. I] est

vrai qu’on rencontre des bourdons vocaux dans beaucoup de régions

européennes et asiatiques, jusqu’en Océanie, mais l’emplacement dans

lextréme grave semble bien étre un fait exceptionnel. Le bourdon se

manifeste de plusieurs maniéres: parfois réguli¢rement, en une*émission

continue, d’un bout a l’autre du nahami, parfois épisodiquement, entre

les phrases du soliste comme une sorte de prolongement de la phrase

chantée. Dans certains cas le choeur esquisse un mouvement lent et

confus, comme un calque grossier de la courbe mélodique donnée par

le soliste. Il arrive aussi que l’accompagnement choral se manifeste par

de grandes exclamations poussées pendant les silences du soliste.



Quelle est la fonction de ce bourdon ?


Rien n’est stir mais quelques idées sont permises. I] est d’abord

raisonnable de rappeler que pour un saib ou un plongeur il est hors de

question d’écouter passivement chanter un soliste; il faut que chacun

participe 4 la musique d’une maniére ou d’une autre et, quand on

travaille, c’est en chantant qu’on peut le faire le plus aisément. D’autre

part il faut remarquer qu’une certaine horreur du vide (« horror vacui »)

est assez répandue chez les riverains du Golfe Persique, d’ou, non seule-

ment la technique des joueurs de zummara et de surnai qui permet



dinspirer par le nez tout en soufflant (technique répandue « grosso.



modo » dans tous les pays influencés par |’Islam), mais aussi les duos de

Bédouins qui ne permettent aucune pause. Le bourdon des nahamis

comble les vides. Ajoutons que quelques-uns au moins des chanteurs

considerent que les exclamations violentes sont la conséquence naturelle

des gestes du travail (ramer, hisser les voiles, etc...) et forment |’essentiel

du bourdon.



SIDE A



Track 1 - SONGS OF THE PEARL DIVERS, recorded in Muharraq

(Bahrain) on 10 December 1962.



Pearl diving in the Persian Gulf dates back more than 4.000

years. One may, therefore, conclude that the « fishes’ eyes from Dilmun »

referred to in an Assyrian inscription are in all probability the pearls of

Bahrain. From the 19th century until the beginning of the 20th century

it was not unusual for more than a thousand boats to take part in the

diving each year. The decline began in 1930 when the competition from

Japanese cultured pearls began to make itself felt ; in 1930 more than

500 boats and some twenty thousand men were recorded as setting out to

dive, while in 1948 there were only 83 boats and 2,000 men. Today only

a few dozen boats carry on the tradition.



The high season diving, gaus-al-kabir, takes place from June

until the beginning of October ; before and after this period is the gaus-

al-bard, the cold season, during which fishing takes place as and when

weather permits. Each boat has on board the captain, the divers, the

saibs (who assist the divers in their work) and several nahams (1 to 4)

whose exclusive role is to encourage and entertain the divers and satbs

by singing. These men come from all parts of the Persian Gulf, but

chiefly from Bahrain and, in particular, the large village of Hidd. The

dialect used by these men has been formed over the centuries from

elements of differing origins and cannot fully be understood by the rest

of the population.



Numerous songs are connected with the various stages of pearl

diving : the nahams sing when the anchor is raised, while the men row

out of the port, when the sails are hoisted, when the men dive to look

for the pearl oysters and while the oysters are opened. Occasionally a

drum and small cymbals may accompany certain songs, which are often

called nahamis. The nahams sing solo, one after another, while the saibs

(and frequently the divers) produce a drone in a very low pitch, more

than two octaves below the register of the soloist.



This drone is rather a surprising phenomenon. It is true that

vocal drone may be encountered in many European and Asiatic areas, as

far as the South Sea Islands, but the fact that it is situated in such a low

register would seem to be exceptional. The drone takes several forms : it

is sometimes regular, being emitted continuously throughout the nahami ;

sometimes episodic, inserted between the phrases of the soloist, rather like

a continuation of the vocal phrase. In some cases the choir sketches in a

slow, indistinct movement, as it were a crude imitation of the melody line

performed by the soloist. The choral accompaniment may also take the

form of loud exclamations always uttered while the soloist is silent.



What is the function of this drone ?


Nothing is certain, but several theories may be permitted. In the

first place, it is reasonable to recall that it is out of the question for a

saib or diver to listen passively to a soloist singing; everyone must

participate in the music in some way or other, and singing ts the most

adequate way while working. Again, it is important to realize that there

is a widespread horror of the void (« horror vacui ») among the people

living along the Persian Gulf, which not only explains the technique of

the zuammara and surnai players, who inhale through the nose while

blowing (a technique which may, generally speaking, be found in all the

countries influenced by Islam), but also accounts for the Bedouin duets

in which no rests are tolerated. The drone of the nahamis fills in the

spaces. It may be added that at least some of the singers are of the opinion

that the violent exclamations ave the natural consequence of the move-

ments performed during the work (rowing, hoisting the sails, etc.) and

represent the essence of the drone.



Chaque nahami comprend un nombre limité de cellules mélo-

diques que les solistes traitent assez librement. En général, une de ces

cellules est relativement stable tandis que les autres connaissent des

variations. I] y a néanmoins des exceptions a la régle.


Les mots ya mal qui signifient littéralement « O richesse » mais

qui ne sont en vérité qu’une formule, introduisent, dans l’exemple enre-

gistré, les trois nahams qui chantent une fois l’un aprés l’autre. On

remarquera. que chacun des trois solistes développe son chant sur un ou

plusieurs motifs caractéristiques, différents pour chaque chanteur. Les

mélodies dont la courbe longue et raffinée est invariablement descen-

dante, s’inscrivent essentiellement a l’intérieur d’une quarte ou d’une

quinte.


Depuis fort longtemps, peut-étre depuis des siécles, les pécheurs

de perles de Bahrein se rassemblent réguliérement en hiver pour chanter.

L’exemple présenté ici, enregistré dans une maison communautaire de

Muharraq est un khrob, c’est-a-dire un chant qu’on exécute en principe

en ramant; il se termine, selon la tradition des nahamis par un bref

chant de travail ot! le chceur, subitement, expose une mélodie des plus

simples qui s’enchaine avec un nouvel air dont on n’entend ici que le

début.


Les nahams Bohaled, Ahmed Bolobanye, Jasem Abdraman sont

accompagnés par un choeur de pécheurs de perles, un tambour en forme

de tonneau, 4 deux peaux lacées tabl, une paire de cymbalettes tasi et

des battements de mains.



FACE B



Plage 1 - TAQSIM (maqam rast) enregistré le 7 décembre 1962 a

Manama (Bahrein).



Un taqsim est un prélude (littéralement, une partie d’une chose)

exécuté en rythme libre avec des alternances fréquentes et irréguliéres

de groupements rythmiques a deux, trois et parfois quatre temps.


Un tagsim comprend en général deux parties ; la deuxiéme partie donne

lieu souvent a des variations modales et, en général, a l’énoncé d’une

longue mélodie au rythme régulier, avec bourdon.


Le taqsim exécuté ici par Salim Ahmed est certes moins raffiné

que les taqsim que jouent les meilleurs musiciens Egyptiens ou Syriens.

I] est cependant remarquable par sa vitalité, par une vigueur qui ne se

soucie guére des variations et des développements ingénieux, par la mat-

trise de la forme et l’originalité captivante du jeu. L’instrument dont se

sert le musicien est un luth oud a cing double cordes (comme toujours

dans le Golfe Persique) accordées de bas en haut conformément a un

schéma d’intervalles qui pourrait étre par exemple basé sur sol-la-ré-sol-do

(les hauteurs absolues correspondant aux cordes peuvent varier légére-

ment d’un musicien a l’autre, les rapports d’intervalles restant fixes).

Les cordes sont ébranlées a aide d’un plectre en plume d’aigle.


Dans le Golfe Persique, c’est 4 Bahrein surtout que le oud est

devenu populaire, apparemment sous l’influence du cheik-poéte Moham-

med Farés, mort il y a une vingtaine d’années. A Manama, la plupart

des jeunes joueurs de oud ont appris le métier en imitant leurs ainés ;

il n’y a d’ailleurs que peu de luthistes professionnels.


Le oud est un instrument qui convient mieux a lintimité du

foyer ou par exemple 4 une réception chez un homme riche, qu’aux

endroits publics.


La notion de maqam se rapproche de celle de « mode musical ».

Grosso modo un magam est caractérisé par une échelle, un mode, des

tournures mélodiques et une signification expressive déterminée. Le rast

est un des maqam de base: il exprime la mesure, ]’équilibre.



Each nahami consists of a limited number of melodic cells which

the soloists treat quite freely. Generally, one of these cells is relatively

stable, whereas the others form the basis for variations. There are, never-

theless, exceptions to the rule.


The words ya mal which literally mean « Oh wealth » but are

in fact merely a formula, introduce, in the example recorded the three

nahams who sing once in succession. It will be noted that each soloist

develops his song on one or more characteristic motifs, which are different

for each singer. The long, subtle melodic lines, which invariably have a

descending curve, are essentially inscribed within a fourth or a fifth.



For a very long time, perhaps for centuries, the pearl divers of

Bahrain have gathered regularly in the winter to sing. The example pre-

sented here, recorded in a communal. house in Muharraq, is a khrob, 7. e.

a song performed as a rule while rowing ; it concludes, according to the

nahami tradition, with a brief work song in which the choir unexpectedly

performs the simplest of melodies which is linked to a new tune, of which

only the beginning is heard here.



The nahams Bohaled, Ahmed Bolobanye and Jasem Abdraman

are accompanied by a choir of pearl divers, a barrel-shaped drum with

two laced skins, tabl, a pair of small cymbals, tasi and clapping of hands.



SIDE B



Track 1 - TAQSIM (maqam rast) recorded on 7 December 1962 at

Manama (Bahrain).



A taqsim is a prelude (literally a part of a thing) performed in

free rhythm, with frequent and irregular alternations of rhythmic groups

in 2, 3 and Sometimes 4 times.


A taqsim usually consists of two parts; the second part often

gives rise to modal variations and in general to the statement of a long

melody, in regular rhythm, with drone.


The taqsim performed here by Salim Ahmed is certainly less

subtle than the taqsim played by the best Egyptian or Syrian musicians.

It is distinguished, however, by its vitality, by a vigour which shows little

concern for variations and clever developments, by the mastery of form

and the enchanting originality of execution. The instrument used by the

musician is an oud lute with 5 double strings (as is usual in the Persian

Gulf) tuned from the bottom to the top according to a pattern of inter-

vals based, for example, on G, A, D, G, C (the absolute pitch correspon-

ding to each string may vary slightly from one musician to another, but

the relationship of the intervals remains fixed). The strings are plucked

by means of a plectrum made from an eagle’s feather.


In the Persian Gulf it is in Bahrain especially that the oud has

become popular, apparently due to the influence of the sheikh-poet Mo-

hammed Fares, who died about 20 years ago. In Manama most of the

young oud players have learnt their craft by imitating their elders ;

moreover, there are very few professional lute players.


The oud ts an instrument which is better suited to the intimacy

of the home or, for example, to a reception at a rich man’s house, rather

than to public places.


The concept of maqam approximates to that of the « musical

mode ». In brief, a maqam is characterized by a.scale, a mode, melodic

motifs and a specific expressive signification. The rast is one of the basic

maqam and expresses restraint or balance.



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