FACE II
1) DANSE DE NJOYA.
Inventée par le sultan Njoya, cette danse ne semble pas cor-
respondre a limage du grand roi. Il inventa de toute piéce une
écriture dans laquelle il fit rédiger la chronique des rois bamoun,
il construisit le palais de Foumban, ranima I’artisanat local, vainquit
de nombreuses tribus, mais refusa de se battre contre les Allemands.
Njoya se brouilla finalement avec |’administration frangaise avec
laquelle il avait entretenu pendant plusieurs années de bonnes
relations. Il accusa l’administrateur local de vider son harem en
conseillant 4 ses femmes de s’enfuir. Le conflit s’envenima, Noya,
qui pendant toute sa vie avait essayé de survivre politiquement
contre les Foulbé, les Allemands et les Frangais, fut finalement exilé
a Yaoundé ou il mourut en 1933 quelques mois aprés avoir achevé sa
chronique des rois.
2) MUSIQUE POUR LA PENDAISON D’UN MINISTRE.
Cette piéce est saisissante, non seulement par la sobriété de lins-
trumentation et le rythme lugubre, mais par un texte chanté d’une
voix rauque : “ Cette musique ne parle jamais sans raison profonde.
Quiconque l’entend se demande anxieusement : est-ce pour moi,
est-ce pour mon voisin. La, git le danger. Abime derriére, abime
devant. C’est la musique sans ami. Bonne seulement quand on
Ventend s’éloigner, mortelle quand elle s’approche’’.
Le “MVET”’ est la lyre camerounaise, instrument des chants épiques. Il se compose
essentiellement d’une tige de bambou, de quelques fibres végétales et d’une calebasse tronquée
comme caisse de résonance
La porte de la ville de Foumban, décorée de tiges de raphia (tours latérales et plafond du
centre) et d’herbes teintes (frise noire et blanche). Les panneaux de la porte sont en bois
incrusté de bas-reliefs en bronze.
3) DANSE DE NSANGOU.
Cette danse, mélancolique et douce, inventée suivant la tradition
par le roi Nsangou (1860 (?) - 1896) correspond au personnage. La
chronique de Njoya décrit ainsi Nsangou :
«Tl était plus beau qu’une femme. II portait bien les vétements; il
était maniéré comme une femme. I] était propre. I] buvait beaucoup
et riait rarement. Il aimait jouer du “ lou ”’.
La danse est exécutée ici par un cheeur de six femmes et rythmée
par une raclette et un hochet en vannerie.
4) MUSIQUE TIKAR.
Elle est destinée 4 égayer le repas du roi. Les voix des femmes
sont soutenues par un sanzi (voir photo) et une batterie trés gréle
sur calebasse.
5) DANSE DES PRINCES ET DES PRINCESSES DE LA
FAMILLE ROYALE.
Les membres de la famille royale exécutent cette danse lors des
grandes fétes ou avant les funérailles d’un membre de la famille
royale.
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OCORA
wate.
33 T 30 cm
OFFICE DE RADIODIFFUSION TELEVISION FRANGAISE cor 3 roe
Une musique de cour africaine :
DANSES ET CHANTS BAMOUN
“ Mfo Ndouetmbou voulut danser le Mbunnjé. Ncharé voulut assister 4 cette danse. Il désirait
avoir pour sa danse, “ Fong ”’, l’étoffe dont Ndouetmbou s’était vétu. “ Regardez ce gros ventre
de Ncharé qui demande mon étofle” dit Ndouetmbou en ajoutant d’autres injures ”
Ainsi, la chronique Bamoun, rédigée par le sultan Njoya (1896-1933) raconte l’origine d’une
des premiéres guerres de l’ancétre des Bamoun, le héros Ncharé. C’est donc la danse qui a été a
Porigine de ce conflit trés africain.
Rien ne souligne mieux l’influence de la musique, car danses, chants et instruments se trouvent
étroitement unis dans cet incident de Vhistoire bamoun.
D’ot viennent ces Bamoun, guerriers et laboureurs de haute taille, souvent corpulents, au
grand nez presque sémitique, au teint relativement clair et aux gestes amples qui conférent, surtout
aux femmes, une élégance certaine, élégance de Junon plutét que d’Aphrodite ?
La tradition place leur berceau au village de Rifoum dans les plaines au Nord-Est des plateaux
herbeux qu’ils occupent aujourd’hui dans PExtréme-Ouest du Cameroun frangais. Ils auraient du
sang fikar et mboum, tribus semi-bantoue et paléonigritique, qui n’ont cependant pas atteint le
niveau culturel des Bamoun. Au cours des guerres de conquéte, les nobles bamoun subjuguérent
également une plébe bamiléké qui marque encore aujourd’hui le type physique surtout dans le Sud
du pays. Enfin, dés le début du 19 siécle, les pasteurs fou/bé, entrainés par le prophéte et condottiere
Ousman Dan Fodio, firent leur apparition sur les plateaux bamoun.
On pourrait croire que ce pays, carrefour de races et de civilisations diverses, manquerait
d@unité. Le contraire est vrai. L’individualité bamoun a été préservée grace a une structure politique
centrée toute entiére sur le Roi et son palais, vaste enceinte qui forme encore aujourd’hui le centre
de la capitale bamoun : Foumban. Le Roi, monarque absolu, est législateur, juge, général et mécéne.
Les manifestations de art bamoun, qu'il s’agisse de danse, de sculpture ou d’architecture, sont
provoquées par le Roi. L’art bamoun n’est donc pas un art d’inspiration populaire, mais un art de
cour, ce qui, en Afrique Noire, est tout a fait exceptionnel. Ainsi, c'est Njoya, pére de l’actuel
sultan Seidou Njoya Njimouluh, qui rénova la fonte de cuivre, la sculpture sur bois et la brode-
rie. Mais bien avant lui, des rois plus frustes avaient marqué leur régne par une activité artistique,
Vinvention de danses nouvelles, comme le Roi-Géant Mboémboé (1820-1845 ?).
« Avant Mboémboé, dit le sultan Seidou, la danse “ banzié”’ était une danse secréte, exé-
cutée par deux ou trois courtisans seulement. Mais Mboémboé, pressé par les Foulbé, dont la cava-
lerie venait de lui infliger une lourde défaite, fit sortir ses musiciens et danseurs du Palais et, devant
le peuple étonné, fit exécuter la danse secréte. I] dit alors 4 ses guerriers : “ Quiconque me rappor-
tera une téte de Peul, pourra venir se joindre a l’orchestre “ Banzié ”’, Les Bamoun gagnérent la
guerre.
La danse banzié est toujours exécutée a l’intérieur du Palais du Sultan, mais le nombre des
participants, depuis la guerre de Mboémboé, s’éléve a une trentaine.
Art de cour, la musique bamoun est également un art intertribal ou se retrouvent les influences
diverses exercées sur le pays: ainsi Njoya aimait écouter les complaintes tikar et le sultan Seidou
sort volontiers du Palais, accompagné de deux griots foulbé, jouant tambour et rhéita. Grace a la
diversité de ses sources, la musique bamoun offre une gamme d’instruments extrémement vaste.
En dehors des tambours de toute sorte, on trouve des cloches de fer bamiléké, le mvet du Sud-
Cameroun, le sanzi tikar, la rhéita arabe apportée par les Foulbé, des guitares, des raclettes et des
hochets. ‘ ;
Mais on n’use souvent de ces instruments qu’avec discrétion. La musique bamoun. prend ainsi
un air un peu maniéré ou lon reconnait encore son caractére d’art de cour : mélopée de la danse
“ ndangié ”, cheeur chantant sotto-voce ot cette extraordinaire ‘‘ musique pour la pendaison d’un
ninistre ”’, sobrement interprétée par trois cloches de fer et deux tambours.
“
Les enregistrements et photos ont été
réalisés le 27 juillet 1957 au Palais de
Foumban.
Présentation : Louis C.D. JOOS
Enregistrement : Michel HOUDRY
Photos : Jean GLENAT
SErDou, 17° sultan des Bamoun (lunettes) surveille les danses
L’aigle de bronze fut l’étendard de NJOYA comme de
Napoléon
FACE I
1) CHANT DE VICTOIRE.
Quatre vieux guerriers, Nyijilia Ibrahim,
Njouo Ndou Ali, Poumié Mahma et Mountapm-
beme Adamou (voit couverture) chantent le
retour victorieux de la guerre contre les
Banso (tribu voisine et apparentée) a laquelle
ils sont censés avoir participé. Cette guerre
ayant eu lieu en 1898 on peut douter au moins
pour les plus jeunes du groupe que ces dires
soient vrais. Ils s’accompagnent simplement
de hochets.
2) CHANT EPIQUE SUR LES ROIS
BAMOUN.
Les guerriers chantent maintenant les
louanges de tous les rois bamoun qui se sont
succédés sur le tréne depuis Nebaré. Il y a
17 sultans y compris le sultan régnant Se/don.
3) CHANT DE JEUNES GENS.
Chanson qui exprime les espoirs des jeunes
bamoun en une vie plus facile. Une voix et
une instrumentation discréte comprenant sim-
plement un mvet (voir photo) et une raclette.
La calebasse du mvet sert, en outre, comme
batterie.
4) LA DANSE NDANGIE.
Chant de louange a ladresse du Sultan
Njoya (1896-1933) exécuté par sa fille la
princesse Mbenmounye (voir photo) qui est
accompagnée d’un petit orchestre, compre-
nant un mvet (harpe camerounaise), deux
sanzi et deux hochets.
La Princesse MBENMOUNYE, fille du sultan NJOYA
chante la grandeur de son pére
Le “SANZI”’, piano africain, fait de lamelles de bois
fixées sur un boitier creux
5) LA DANSE BANZIE.
Danse guerriére sauvage et imprtession-
nante. Elle aurait été introduite par un des
premiers rois bamoun qui avait remarqué
qu’un adversaire s’était longuement, défendu
parce qu’encouragé par cette musique. Elle a
également joué un grand rdle au cours du
regne de Mboémboé (voir plus haut). L’or-
chestre banzié se compose d’une dizaine de
cloches de fer, de quatre grands tambours
(dont Yun frappé par le frére et adjoint du
Sultan Seédow) et de six sacs en cuir de buffle
templis de ferraille et agités en cadence.
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