2022年7月9日土曜日

Musiques De La République Fédérale Du Cameroun - Danses Et Chants Bamoun by Bamun; La Princesse Mbenmounye; Mountapmbeme Adamou; Njijilia Ibrahim; Njouo Ndou Ali; Poumié Mahma; Unknown Artist Ocora (SOR 3)

 



FACE II 

1) DANSE DE NJOYA. 



Inventée par le sultan Njoya, cette danse ne semble pas cor- 

respondre a limage du grand roi. Il inventa de toute piéce une 

écriture dans laquelle il fit rédiger la chronique des rois bamoun, 

il construisit le palais de Foumban, ranima I’artisanat local, vainquit 

de nombreuses tribus, mais refusa de se battre contre les Allemands. 

Njoya se brouilla finalement avec |’administration frangaise avec 

laquelle il avait entretenu pendant plusieurs années de bonnes 

relations. Il accusa l’administrateur local de vider son harem en 

conseillant 4 ses femmes de s’enfuir. Le conflit s’envenima, Noya, 

qui pendant toute sa vie avait essayé de survivre politiquement 

contre les Foulbé, les Allemands et les Frangais, fut finalement exilé 

a Yaoundé ou il mourut en 1933 quelques mois aprés avoir achevé sa 

chronique des rois. 






























2) MUSIQUE POUR LA PENDAISON D’UN MINISTRE. 



Cette piéce est saisissante, non seulement par la sobriété de lins- 

trumentation et le rythme lugubre, mais par un texte chanté d’une 

voix rauque : “ Cette musique ne parle jamais sans raison profonde. 

Quiconque l’entend se demande anxieusement : est-ce pour moi, 

est-ce pour mon voisin. La, git le danger. Abime derriére, abime 

devant. C’est la musique sans ami. Bonne seulement quand on 

Ventend s’éloigner, mortelle quand elle s’approche’’. 






Le “MVET”’ est la lyre camerounaise, instrument des chants épiques. Il se compose 






essentiellement d’une tige de bambou, de quelques fibres végétales et d’une calebasse tronquée 

comme caisse de résonance 



La porte de la ville de Foumban, décorée de tiges de raphia (tours latérales et plafond du 

centre) et d’herbes teintes (frise noire et blanche). Les panneaux de la porte sont en bois 



incrusté de bas-reliefs en bronze. 



3) DANSE DE NSANGOU. 



Cette danse, mélancolique et douce, inventée suivant la tradition 

par le roi Nsangou (1860 (?) - 1896) correspond au personnage. La 

chronique de Njoya décrit ainsi Nsangou : 


«Tl était plus beau qu’une femme. II portait bien les vétements; il 

était maniéré comme une femme. I] était propre. I] buvait beaucoup 

et riait rarement. Il aimait jouer du “ lou ”’. 


La danse est exécutée ici par un cheeur de six femmes et rythmée 

par une raclette et un hochet en vannerie. 



4) MUSIQUE TIKAR. 



Elle est destinée 4 égayer le repas du roi. Les voix des femmes 

sont soutenues par un sanzi (voir photo) et une batterie trés gréle 

sur calebasse. 



5) DANSE DES PRINCES ET DES PRINCESSES DE LA 

FAMILLE ROYALE. 



Les membres de la famille royale exécutent cette danse lors des 

grandes fétes ou avant les funérailles d’un membre de la famille 

royale. 








OCORA 



wate. 



33 T 30 cm 



OFFICE DE RADIODIFFUSION TELEVISION FRANGAISE cor 3 roe 



Une musique de cour africaine : 



DANSES ET CHANTS BAMOUN 



“ Mfo Ndouetmbou voulut danser le Mbunnjé. Ncharé voulut assister 4 cette danse. Il désirait 

avoir pour sa danse, “ Fong ”’, l’étoffe dont Ndouetmbou s’était vétu. “ Regardez ce gros ventre 

de Ncharé qui demande mon étofle” dit Ndouetmbou en ajoutant d’autres injures ” 


Ainsi, la chronique Bamoun, rédigée par le sultan Njoya (1896-1933) raconte l’origine d’une 

des premiéres guerres de l’ancétre des Bamoun, le héros Ncharé. C’est donc la danse qui a été a 

Porigine de ce conflit trés africain. 


Rien ne souligne mieux l’influence de la musique, car danses, chants et instruments se trouvent 

étroitement unis dans cet incident de Vhistoire bamoun. 


D’ot viennent ces Bamoun, guerriers et laboureurs de haute taille, souvent corpulents, au 

grand nez presque sémitique, au teint relativement clair et aux gestes amples qui conférent, surtout 

aux femmes, une élégance certaine, élégance de Junon plutét que d’Aphrodite ? 


La tradition place leur berceau au village de Rifoum dans les plaines au Nord-Est des plateaux 

herbeux qu’ils occupent aujourd’hui dans PExtréme-Ouest du Cameroun frangais. Ils auraient du 

sang fikar et mboum, tribus semi-bantoue et paléonigritique, qui n’ont cependant pas atteint le 

niveau culturel des Bamoun. Au cours des guerres de conquéte, les nobles bamoun subjuguérent 

également une plébe bamiléké qui marque encore aujourd’hui le type physique surtout dans le Sud 

du pays. Enfin, dés le début du 19 siécle, les pasteurs fou/bé, entrainés par le prophéte et condottiere 

Ousman Dan Fodio, firent leur apparition sur les plateaux bamoun. 


On pourrait croire que ce pays, carrefour de races et de civilisations diverses, manquerait 

d@unité. Le contraire est vrai. L’individualité bamoun a été préservée grace a une structure politique 

centrée toute entiére sur le Roi et son palais, vaste enceinte qui forme encore aujourd’hui le centre 

de la capitale bamoun : Foumban. Le Roi, monarque absolu, est législateur, juge, général et mécéne. 

Les manifestations de art bamoun, qu'il s’agisse de danse, de sculpture ou d’architecture, sont 

provoquées par le Roi. L’art bamoun n’est donc pas un art d’inspiration populaire, mais un art de 

cour, ce qui, en Afrique Noire, est tout a fait exceptionnel. Ainsi, c'est Njoya, pére de l’actuel 

sultan Seidou Njoya Njimouluh, qui rénova la fonte de cuivre, la sculpture sur bois et la brode- 

rie. Mais bien avant lui, des rois plus frustes avaient marqué leur régne par une activité artistique, 

Vinvention de danses nouvelles, comme le Roi-Géant Mboémboé (1820-1845 ?). 


« Avant Mboémboé, dit le sultan Seidou, la danse “ banzié”’ était une danse secréte, exé- 

cutée par deux ou trois courtisans seulement. Mais Mboémboé, pressé par les Foulbé, dont la cava- 

lerie venait de lui infliger une lourde défaite, fit sortir ses musiciens et danseurs du Palais et, devant 

le peuple étonné, fit exécuter la danse secréte. I] dit alors 4 ses guerriers : “ Quiconque me rappor- 

tera une téte de Peul, pourra venir se joindre a l’orchestre “ Banzié ”’, Les Bamoun gagnérent la 

guerre. 


La danse banzié est toujours exécutée a l’intérieur du Palais du Sultan, mais le nombre des 

participants, depuis la guerre de Mboémboé, s’éléve a une trentaine. 


Art de cour, la musique bamoun est également un art intertribal ou se retrouvent les influences 

diverses exercées sur le pays: ainsi Njoya aimait écouter les complaintes tikar et le sultan Seidou 

sort volontiers du Palais, accompagné de deux griots foulbé, jouant tambour et rhéita. Grace a la 

diversité de ses sources, la musique bamoun offre une gamme d’instruments extrémement vaste. 

En dehors des tambours de toute sorte, on trouve des cloches de fer bamiléké, le mvet du Sud- 

Cameroun, le sanzi tikar, la rhéita arabe apportée par les Foulbé, des guitares, des raclettes et des 

hochets. ‘ ; 


Mais on n’use souvent de ces instruments qu’avec discrétion. La musique bamoun. prend ainsi 

un air un peu maniéré ou lon reconnait encore son caractére d’art de cour : mélopée de la danse 

“ ndangié ”, cheeur chantant sotto-voce ot cette extraordinaire ‘‘ musique pour la pendaison d’un 

ninistre ”’, sobrement interprétée par trois cloches de fer et deux tambours. 



“ 



Les enregistrements et photos ont été 

réalisés le 27 juillet 1957 au Palais de 



Foumban. 



Présentation : Louis C.D. JOOS 

Enregistrement : Michel HOUDRY 



Photos : Jean GLENAT 



SErDou, 17° sultan des Bamoun (lunettes) surveille les danses 



L’aigle de bronze fut l’étendard de NJOYA comme de 



Napoléon 



FACE I 

1) CHANT DE VICTOIRE. 



Quatre vieux guerriers, Nyijilia Ibrahim, 

Njouo Ndou Ali, Poumié Mahma et Mountapm- 

beme Adamou (voit couverture) chantent le 

retour victorieux de la guerre contre les 



Banso (tribu voisine et apparentée) a laquelle 



ils sont censés avoir participé. Cette guerre 

ayant eu lieu en 1898 on peut douter au moins 

pour les plus jeunes du groupe que ces dires 

soient vrais. Ils s’accompagnent simplement 

de hochets. 



2) CHANT EPIQUE SUR LES ROIS 

BAMOUN. 



Les guerriers chantent maintenant les 

louanges de tous les rois bamoun qui se sont 

succédés sur le tréne depuis Nebaré. Il y a 



17 sultans y compris le sultan régnant Se/don. 



3) CHANT DE JEUNES GENS. 



Chanson qui exprime les espoirs des jeunes 

bamoun en une vie plus facile. Une voix et 

une instrumentation discréte comprenant sim- 

plement un mvet (voir photo) et une raclette. 

La calebasse du mvet sert, en outre, comme 



batterie. 



4) LA DANSE NDANGIE. 



Chant de louange a ladresse du Sultan 

Njoya (1896-1933) exécuté par sa fille la 

princesse Mbenmounye (voir photo) qui est 

accompagnée d’un petit orchestre, compre- 

nant un mvet (harpe camerounaise), deux 



sanzi et deux hochets. 






La Princesse MBENMOUNYE, fille du sultan NJOYA 



chante la grandeur de son pére 



Le “SANZI”’, piano africain, fait de lamelles de bois 



fixées sur un boitier creux 



5) LA DANSE BANZIE. 



Danse guerriére sauvage et imprtession- 

nante. Elle aurait été introduite par un des 

premiers rois bamoun qui avait remarqué 

qu’un adversaire s’était longuement, défendu 

parce qu’encouragé par cette musique. Elle a 

également joué un grand rdle au cours du 

regne de Mboémboé (voir plus haut). L’or- 

chestre banzié se compose d’une dizaine de 

cloches de fer, de quatre grands tambours 



(dont Yun frappé par le frére et adjoint du 



Sultan Seédow) et de six sacs en cuir de buffle 



templis de ferraille et agités en cadence. 


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