2022年6月29日水曜日

Concerto Pour Violon Et Orchestre (1938) by Wilhelm Furtwängler; Yehudi Menuhin; Béla Bartók; Philharmonia Orchestra La Voix De Son Maître (2C 053-01322 / 2C 053-01.322 P)

 2 C 053-01322  


Bêla Bartok  

Dix ans plus tôt,. Bartok s'était préparé en écrivant deux  

Rhapsodies pour violon et piano (la première dédiée à Jozsef  
Szigeti, la seconde à Zoltan Szekely) qu'il avait aussitôt trans¬  
crites pour violon et orchestre. Mais ni l'une ni l'autre n'ont  
fait jusqu'alors carrière comparable à celle du 2 e Concerto  
que fit connaître par toute l'Europe Spivakovsky et que  
Menuhin imposa en Amérique et enregistra avec Furt-  
waengler avant de commander à Bartok la Sonate pour violon  
seul.  

CONCERTO N° 2  

pour Violon et Orchestre  

( 1938 )  


Face 1  


Le 2 e Concerto a été souvent comparé au « Concerto à la  
mémoire d'un ange » d'Alban Berg. Serge Moreux y voit le  
même « monde foisonnant » et Pierre Citron la même « ouver¬  
ture et diversité de l'univers sonore » ainsi que la même  
« violence cataclysmique de certains passages ». Cependant,  
Bartok écrit plus ouvertement une pièce de haute virtuosité  
dont ni la forme ni le langage ne sont comparables à ceux de  
la grande méditation poétique de Berg.  

Zoltan Szekely avait demandé à Bartok un vrai concerto de  
soliste. Mais le compositeur avait depuis longtemps dans son  
intentiond'écriredesvariations. C'est pourquoi le 2 e Concerto,  
s'il obéit à la coupe ternaire du concerto classique, n'en pro¬  
cède pas moins selon l'esthétique de la variation, puisque le  
second mouvement n'est autre qu'un thème varié et que le  

finale fait revenir presque tous les thèmes du mouvement  
initial.  

L 'Allegro ma non troppo est ouvert calmement par des ac¬  
cords de Si majeur à la harpe. Le violon entre aussitôt avec un  
thème d'un chaud lyrisme au rubato quasi tzigane qu'il va  
développer en de volubiles guirlandes où l'orchestre trouve  
le sujet de ses répliques. On est frappé de reconnaître au pas¬  
sage sept mesures en Ut majeur, sans le moindre accident,  
sans la moindre dissonance. Bartok se permet là une audace  
à rebours proprement sans exemple dans ses compositions  
précédentes. Mais, en revanche, le second thème, d'une très  
grande beauté plastique, n'est autre qu'une série dodécapho-  
nique. D'aucuns ont vu là un hommage aux Viennois. D'autres  
un pastiche sarcastique. Mais Lendvai fait justement remar¬  
quer que ce thème ne désobéit en rien au système tonal parti¬  
culier à Bartok.  

D'éclatants tutti orchestraux, où brillent les cuivres, brisent  
plusieurs fois le complexe développement avant une rapide  
récapitulation qui, après une somptueuse cadence, conclut  
sur l'unisson de Si naturel.  

L'Andante tranquillo est nettement moins développé que le  
premier mouvement. Il débute, sur l'immobilité attentive de la  
harpe et des cordes, par un grand thème mélodique en Sol  
majeur, dont la simplicité, la déchirante nudité, la tendre  
confiance vont être soigneusement préservées par une  
orchestration légère, scintillante, aérée. Très vite, la confor¬  
table tonalité va dériver vers une suite d'harmonies raffinées,  
subtilement alliées à la différenciation des timbres. Les varia¬  
tions font appel à tout un arsenal de trilles, d'harmoniques,  
de glissandos, d'arpèges, de traits fluides. La dernière, plus  
rythmée, est dans l'esprit acidulé d'un scherzo fauréen. Mais  
c'est l'orchestre (cordes et percussion) qui reste maître du  
sautillement des pizzicati, laissant au soliste le soin de pour¬  
suivre son calme dessin mélodique. Pour finir, on retourne à  
la nostalgie du début et le mouvement s'achève dans un aigu  
lointain et pur, presque sidéral.  

L' Allegro mo/to reprend, dans une structure rythmique nou¬  
velle, le thème principal du premier mouvement, prétexte,  
cette fois, à de solides prouesses de virtuosité violonistique.  
Le mouvement tout entier va être dominé par les acrobaties  
du soliste, entre quelques sections de repos et de détente  
appuyées sur de suaves accords des cordes. De grands cres-  
cendos, aidés par des cuivres « volcaniques », vont pousser le  
discours jusqu'à un paroxysme, une somptueuse apothéose,  
qui débouche sur deux codas, la première légère et douce, la  
seconde durement maintenue dans le halètement d'un mou¬  
vement perpétuel jusqu'à la cassure finale. C'est sans doute  
dans ce mouvement qu'on peut reconnaître le plus facilement  
les influences qui marquaient Bartok à cette époque : in¬  
fluence des grands intervalles expressifs de Berg, du déroule¬  
ment rythmique régulier de Prokofiev, des contrastes stra-  
vinskiens et des élégances néo-classiques de Hindemith.  

Maurice FLEURET  


I. Allegro non troppo  


Face 2  


a) II. And ante tranquillo  


b) III. Allegro mo/to  


(Éditions Boosey and Hawkes)  


YEHUDI MENUHIN, violon  
The Philharmonia Orchestra  

direction :  

WILHELM FURTWAENGLER  


PIAI/IR  

Mü/lCAL  


Bêla Bartok (photo X)  


Le compositeur des Mikrokosmos, des trois Concertos pour  
piano, le pianiste Bartok, s'est toujours beaucoup intéressé  
aux archets. Peut-être parce que, très jeune, il a tout de suite  
reconnu l'inégalable pouvoir expressif des cordes et conservé  
à leur égard le respect ainsi que la curiosité qui prévalent dans  
la musique d'Occident depuis Haydn.  

Avant même d'entreprendre le vaste monument des Six  
Quatuors — le plus considérable et le plus personnel qu'on  
ait dédié au genre depuis Beethoven — Bartok se soumet à  
la discipline si particulière de l'archet en des quatuors, quin¬  
tettes et sonates de jeunesse très influencés par l'écriture  
brahmsienne.  

Symétriquement, à la fin de sa vie, nombreuses seront les  
pages consacrées aux cordes. Après sa dernière composition  
européenne, le Divertimento pour orchestre d'archets (1939),  
il donnera en effet son 6 e Quatuor (1939), la Sonate pour  
violon seul (1944) et enfin — oeuvre ultime — le Concerto  
pour alto (1945).  

Le dialogue du violon et de l'orchestre le sollicite pour la  
première fois en 1907. Il écrit alors, pour le virtuose hongrois  
Stefi Geyer, un Concerto dont on ne connaîtra longtemps que  
le mouvement initial sous l'aspect du premier des Deux Por¬  
traits opus 5 : le Portrait Idéal. On a découvert, il y a quelques  
années, le manuscrit intégral de cette partition qui a pris dé¬  
sormais le nom de « Concerto n° 1 ».  

Car, en août 1937, sur la suggestion de Szigeti, Bartok  
revient une nouvelle fois sur un genre que viennent d'illustrer  
brillamment Stravinsky, Prokofiev, Berg et Schoenberg et un  
2 e Concerto pour violon sera terminé le 31 décembre 1938 et  
créé à Amsterdam le 23 avril 1939 par son dédicataire Zoltan  
Szekely (le premier violon du Quatuor Hongrois), sous la  
direction de Mengelberg.  


En couverture :  
Photos Luc Joubert  
et Sabine Weiss  
LES I. M. E. PATHÉ MARCONI - PARIS  


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